
1. Comment votre parcours a-t-il commencé ?
Je suis né dedans 😉
La famille Larmandier a une longue tradition de culture de la vigne et d’élaboration des vins de Champagne (pour moitié de vins tranquilles et moitié champagne avant le milieu du 20eme siècle).
Mon père est décédé très jeune. Dès la fin de mes études en 1988, j’ai rejoint ma mère pour l’aider sur le domaine.
2. Quelle est la partie la plus gratifiante de votre métier ?
Parce que notre domaine est de taille humaine, nous pouvons à chaque étape, depuis la plantation de la vigne jusqu’à l’expédition de la bouteille, faire les choix qui nous conduisent vers le style de vins que nous souhaitons élaborer.
C’est très gratifiant de voir le résultat de nos choix se concrétiser dans le verre et aussi de pouvoir agir directement pour continuer à toujours progresser.
3. Pouvez-vous décrire la philosophie du domaine et comment elle influence les vins que vous produisez ?
Le domaine est à la recherche de vins qui expriment leur terroir, sans artifices, convaincu que la création d’un grand Champagne, comme tous les grands vins, commence à la vigne. Pour nous, c’est le raisin qui porte en lui toutes les qualités et l’authenticité qu’aucun homme ne saurait inventer. Larmandier-Bernier a la chance de travailler sur de très beaux terroirs, ce serait dommage de ne pas les porter jusque dans le verre. Ainsi, le domaine n’a pas choisi la facilité des méthodes courantes, mais la voie bien plus gratifiante d’une culture intelligente de la vigne. Ce choix de faire confiance en la nature s’est fait très tôt, bien avant la prise de conscience actuelle. Au départ, c’est l’envie très forte pour nous d’élaborer des grands vins et le mode de vie de Sophie (respect de l’environnement et nourriture saine) qui résonnent ensemble comme une évidence : nous nous engageons alors dans cette voie, à l’opposé des pratiques champenoises de l’époque.
4. Quel est, selon vous, l’aspect le plus difficile dans l’élaboration d’un vin ?
Chaque millésime est différent, il faut donc s’adapter. Malgré une expérience de déjà 36 millésimes, nous sommes encore surpris tous les ans.
5. Avez-vous un cépage préféré avec lequel travailler ? Qu’est-ce qui le rend spécial pour vous ?
Plus que le Chardonnay, c’est le terroir de la Côte des Blancs qui m’est cher. Grâce à la craie qui caractérise nos coteaux et grâce au Chardonnay qui exprime ce terroir, nous pouvons extraire cette minéralité que nous aimons et qui confère une grande buvabilité à nos champagnes.
6. Pouvez-vous partager un millésime mémorable ou un vin dont vous êtes particulièrement fier ?
Terre de Vertus ! Nous avons commencé dès 1988 à créer une cuvée parcellaire (Vieille Vigne du Levant), c’était très original à l’époque. Encore plus singulière est notre cuvée Terre de Vertus : en 1995, nous trouvons le vin du lieu-dit Les Barillers tellement unique par sa salinité et sa complexité tout en dentelle que nous décidons de créer une cuvée pour cet endroit. L’équilibre est tel que nous n’ajoutons aucun dosage. Les cuvées non dosées n’existent pratiquement pas à l’époque ! Depuis 1995, à chaque millésime, notre cuvée Terre de Vertus reflète cette salinité unique en Champagne et elle est toujours proposée brut nature pour respecter sa pureté et son équilibre.
7. Qu’est-ce qui rend votre région et votre vignoble uniques par rapport aux autres ?
Nos vignes sont sur les premiers crus et grands crus de la Côte des Blancs et sont cultivées en bio et en biodynamie depuis 30 ans ! C’est une chance extraordinaire et c’est pourquoi nous n’achetons pas de raisins à l’extérieur, nos champagnes proviennent exclusivement de nos vignes !
8. Si vous pouviez faire du vin n’importe où dans le monde, en dehors de votre région actuelle, où serait-ce et pourquoi ?
Il y a beaucoup de régions où j’aimerais faire du vin avec une petite préférence pour le Rhône Sud ou la Provence. Une contrainte importante pour moi est de vivre près des vignes. Je ne saurais pas cultiver à distance… Pour le moment, je vis en Champagne 😉
